blog - L'artiste Joëlle Dubois à propos du design Strawberry Basil

L'artiste Joëlle Dubois à propos du design Strawberry Basil

par Jeroen Poelmans

 

L'artiste gantoise Joëlle Dubois s'est déjà faite un nom ces dernières années avec son travail sur les nouveaux médias. Entre-temps, elle a déjà entamé un nouveau projet très personnel et expose dans divers salons d'art. Une conversation sur la sexualité, le monde numérique et l'avenir.
 


Ces dernières années, vous vous êtes concentré sur la dualité des médias sociaux.

‘Les médias sociaux sont très importants pour la société. Il s'agit d'une dépendance cachée : nous passons des heures en ligne chaque jour, souvent sans le savoir. C'est très confrontant. Je m'effondre souvent quand je vois mes temps d'écran. Mais c'est ce qui rend les médias sociaux si fascinants. C'est à la fois inspirant et irritant. Ces dernières années, j'ai toujours mis cela au premier plan dans mon travail. Pour beaucoup de gens, il s'agit de quelque chose de reconnaissable.’





Il est frappant de constater que dans votre travail, vous adoptez une vision nuancée de l'utilisation des médias sociaux. Vous ne vous tranchez ni sur le bien ni sur le mal.

‘On entend souvent dire que la génération en ligne ne peut plus vivre dans l'instant présent et doit toujours être connectée, au courant de tout et de tous. C'est vrai, bien sûr. Nous sommes accros à la vitesse de l'Internet. Si nous ne sommes pas exposés à la vitesse des stimuli, nous nous ennuyons. Je l'ai également remarqué chez moi. En même temps, les avantages des médias sociaux sont indéniables. Il suffit de voir avec quelle rapidité et quelle qualité nous pouvons être informés sur des problèmes mondiaux, tels que #MeToo ou le harcèlement. Il y a le revert de la médaille, mais le débat sur les médias sociaux est malheureusement souvent trop polarisé. Dans mes oeuvres, j'ai donc surtout essayé d'observer et non de critiquer ou de polariser.'


Toilet paper panic - Acrylic on wooden panel - 30 X 40 cm - 2021

 

Dans une interview, vous avez raconté comment vous vous êtes surpris à rester collé à votre téléphone portable lors d'une promenade dans la nature. Sommes-nous en train de nous aliéner de Mère Nature sous l'influence des nouvelles technologies ?

‘D'une certaine manière, c'est peut-être le cas. Le flux constant de stimuli technologiques nous empêche en effet de profiter du moment présent. Les médias sociaux en font certainement partie, mais d'autres évolutions jouent également un rôle. Il suffit de penser à la jungle de béton : nos villes se construisent au détriment de la nature. Ou encore le tabou de l'allaitement en public, qui déclenche invariablement des discussions alors que c'est tout à fait naturel. De ce point de vue, on peut dire que nous nous éloignons progressivement de la nature. C'est peut-être le prix de l'évolution. Après tout, nous devons évoluer avec notre temps. Mais il est certainement important d'en être conscient.’

 

Dans votre travail, on voit souvent des éléments exotiques à la Paul Gauguin et Henri Rousseau. Est-ce une forme d'évasion, pour échapper à la vitesse d'aujourd'hui ?

‘La manière dont Gauguin et Rousseau ont peint est une importante source d'inspiration, mais l'art non occidental en général s'est révélé particulièrement fascinant. L'honnêteté de ces peintures - du peuple et pour le peuple, simple et directe - est magnifique. Mais je ne qualifierais certainement pas mes oeuvres d'exotiques. Cela signifierait plutôt que je voudrais m'approprier le style, ce qui n'est certainement pas le cas. J'en ai bien sûr repris des éléments, mais la peinture - et l'art en général - est une activité éclectique qui puise son inspiration dans les coins les plus fous.’





Une autre caractéristique est la femme nue, qui aime être montrée sous toutes les formes et dans toutes les tailles. Parfois jusqu'à l'absurde.

‘La nudité que l'on retrouve dans nombre de mes oeuvres et aussi maintenant dans le design de Yugen, je la vois comme une forme pure de l'être. Après tout, tout le monde a un corps. En montrant des personnes sous cette forme, avec un corps nu et non idéalisé, je veux m'éloigner de la sexualisation. Je veux juste montrer la vulnérabilité et la diversité qui contrastent avec l'idéal de beauté imposé.’
 

 
Le soi-disant "regard masculin - male gaze" influence-t-il votre travail ?

‘La sexualité des femmes n'a pas encore été suffisamment normalisée et acceptée. Dans ce sens, mon travail est peut-être une déclaration à ce regard masculin. Ne pas le faire, ne ferait que perpétuer l'ensemble du système actuel. Mais c'est juste une partie de ma propre idée de l'estime de soi. J'ai longtemps lutté avec mon propre corps et mon propre intérieur. Le fait que je peigne des femmes et des hommes nus sous toutes leurs facettes, avec des visages tordus par exemple, contribue, je l'espère, à saper la sexualisation et à soutenir l'amour de soi.’

 

Qualifieriez-vous votre propre travail de féministe ?

‘Le féminisme est certainement un élément important de mon art. Après tout, c'est un thème très important qui me concerne également. Mais ce n'est pas un objectif en soi. J'aime relier les débats de société qui m'intéressent à des expériences personnelles. Un mélange d'influences, pour ainsi dire. Jusqu'à présent, les médias sociaux et les femmes ont été très importants, mais je vais bientôt emprunter une voie encore plus personnelle, par exemple. Je voudrais travailler autour de ma mère, qui souffre d'Alzheimer, par exemple. Les relations mère-fille seront centrales, tout comme mon enfance. Quelque chose de complètement différent, mais qui est nécessaire. En tant qu'artiste, vous devez évoluer. Si, en tant qu'artiste, vous sentez que quelque chose est en train de prendre de l'ampleur et que vous vous y sentez très à l'aise, il est temps de prendre une nouvelle direction.’

 

Vous allez clairement vous rendre très vulnérable. N'est-ce pas effrayant ?

‘Absolument. Dans mes travaux antérieurs, je montrais déjà ma vulnérabilité sous forme de nudité, mais mon histoire personnelle restait un peu cachée derrière le grand thème social. Maintenant, je me sens prêt à franchir le pas vers une exposition totale. C'est très effrayant, mais en même temps thérapeutique.’

It's not an easy situation - Acrylic on wooden panel - 30x25cm - 2021

 

Parce que vous réfléchissez constamment sur vous-même ?
‘En effet. En tant qu'artiste, vous êtes constamment enfermé avec vous-même. Physiquement, dans votre studio, mais aussi mentalement. Parfois, c'est très difficile et solitaire et vous vous heurtez à vous-même, mais parfois c'est aussi très inspirant. Si vous êtes dans le flux, c'est même le bonheur. Vous êtes alors dans l'instant présent et n'avez aucune notion de temps ou d'espace. La peinture devient alors une action qui domine tout votre être, comme un lieu de repos au milieu d'un monde plein de stimuli.’

 

Comment obtenir ce flux ?
‘Je dois toujours enlever mes chaussures. J'ai des pantoufles prêtes (rires). Avoir des plantes autour de soi aide souvent aussi.’

 

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre conception de Yugen ?
‘Je suis un grand fan de Yugen et j'ai trouvé très intéressant de visualiser une saveur pour une fois. Au départ, je savais déjà que je voulais utiliser la fraise fusionnée avec un champignon (que je relie à un scoby) dans le dessin, mais le reste est venu assez spontanément. La saveur "Strawberry Basil" a évoqué en moi un sentiment de douceur, d'espièglerie et de sexualité. Le mélange est un peu comme un aphrodisiaque, donc je voulais absolument une silhouette mystérieuse et sexuellement féminine. D'où le caractère nymphal.’

 

 

Le dessin se retrouve sur une bouteille. Avez-vous procédé différemment que si vous faisiez une peinture ?
‘Absolument. Vous faites les choses de manière un peu plus simpliste. Vous êtes beaucoup plus limité par le support, les petits détails deviennent rapidement illisibles. C'est un élément dont j'ai dû tenir compte, car ces détails sont généralement très importants pour moi. Mais j'ai aussi trouvé la restriction intéressante : on est obligé de penser et de travailler différemment.’

 

 

Levons nos verres à cette nouvelle saveur, pourquoi on applaudit, Joëlle ? Pour l'espièglerie de Mère Nature : Santé !

Joëlle Dubois (website / Instagram)

Joëlle Dubois a sa deuxième exposition solo en mai 2022 à la galerie Thomas Rehbein à Cologne.

Vous trouvez les histoires des autres designs ici.

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